pendant ce temps, on te parle toujours de « l’autre » comme étant la valeur suprême. On convoque immédiatement Levinas. Les mêmes, pourtant, ne voient même pas qu’il y a un visage d’autre en face d’eux. Tout ça n’est qu’une immense façade, un rideau de fumée.
Moi, je m’intéresse plutôt au même. À la « mêmeté ». Ça signifie : « Qu’est-ce que je peux reconnaître de même dans le tout autre ? » C’est autre chose. Ça s’appelle l’amour. Rien à voir avec quelque chose de pieux, au contraire, c’est électrique, fondamental, intense.
« J’aimais, Seigneur, j’aimais : je voulais être aimée.
Ce jour, je l’avouerai, je me suis alarmée :
J’ai cru que votre amour allait finir son cours.
Je connais mon erreur, et vous m’aimez toujours.
Votre coeur s’est troublé, j’ai vu couler vos larmes.
Bérénice, Seigneur, ne vaut point tant d’alarmes (…)
Racine se fait le confident de la « féminitude » de son temps. Les identités rapprochées multiples, comme j’aime dire, c’est encore une fois le problème de l’identité heureuse, pas complexe.
Si l’on se s’aime pas soi-même comment pourrait-on se faire aimer de quelqu’un ? Je pose la question. S’aimer soi-même c’est autre chose que de se regarder dans la glace et se trouver formidable. N’importe quel trou du cul, dit Céline, se voit Jupiter dans la glace. J’ajoute: N’importe quelle pouffiasse se voit aussi Vénus dans la glace!
Contre-attaque
entretiens avec Franck Nouchi