Derrière la maison, il y a une petite terrasse sous une treille, d’où par trois degrés de pierre on passe au jardin, clos d’un mur sur lequel des choses ont l’air peintes. C’est la nuit. On tire le vieux canapé contre le mur de la cuisine, on apporte une fiasque et des verres. Il fait doux. Le garçon, vêtu d’une couverture bleu pâle, danse avec un vélo argenté devant les figuiers ; puis Constanza, maigre elle aussi comme un garçon, les jambes nues, avec son visage aigu, ses yeux étincelants sous les cheveux blonds, danse à son tour sous les feuilles ; le gramophone joue n’importe quoi. Le berger poursuit la bergère, la fille provoque le garçon, ils dansent, elle est trop leste, il ne l’attrapera pas, ils ne veulent plus s’arrêter de danser et les petits enfants de la maison se réveillent à cause de la musique : « Guarda, guarda !« , ils se penchent à la fenêtre, on les gronde, le berger et la bergère tourbillonnent comme des fous, vaguement éclairés par la lampe de la cuisine, ils s’aiment déjà sous leur masque blême, et enfin s’affalent, essoufflés, riant, dans leur costume en désordre, heueux comme d’un baiser secret. La petite fille à la fenêtre s’est endormie.
Libretto
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