« Quand je me suis résolu à peindre, l’hiver tombait, et l’inanité de ma présence en ces solitudes m’apparut plus fortement au fur et à mesure que le jour solaire diminuait. J’avais dressé mon matériel sur un promontoire et je passais les heures à attendre qu’un être quelconque se manifeste à portée raisonnable du support et de l’imagination : à la tombée de la nuit, quand le bruit des vagues passait du murmure au déchirement, je sollicitais en moi-même d’abord, puis à haute voix, debout, en allumant des brasiers de fougères, la flotte anglaise, qu’elle y voie un fortin barbaresque, une balise d’exercice, ce que vous voulez, mais qu’elle ouvre le feu sans mégoter. Je fallait que ça finisse, ma vie tournait à l’échec : j’avais lu les mauvais auteurs, pris les mauvaises options au bac, je ne saurais dire, mais mon affaire échouait ici et Dieu, par souci d’économie, ne pouvait qu’éteindre cette flammèche lamentable qui lui bouffait de la chandelle pour rien. »