Le visage, que je connais bien maintenant, apparaît plus ou moins régulièrement sur mon compte Twitter pour aimer telle ou telle citation ou image. Nous nous suivons mutuellement. Lorsque je le vis hier, ce visage, à la suite de la publication d’une photo de la brasserie d’à côté un vendredi soir, je me suis dit qu’il serait sympathique d’expliquer comment se déroula la rencontre, non virtuelle, entre nous.

Je raconte.

Le début de l’automne l’année dernière. La maison est en travaux. Je suis toujours dans cet aparthôtel où je m’ennuie. Je remonte la rue Dauphine au rythme d’Erri, lentement. J’entends soudain – Anna ! Anna ! et je vois traverser du trottoir d’en face, à pas rapides, un homme à l’allure d’adolescent, les bras chargés de vêtements dans des sacs plastique transparents, repris visiblement du pressing. Il sourit lorsqu’il arrive devant moi. « Je vous suis sur twitter, j’aime beaucoup ce que vous faites.  » — et je le regarde. Le regarde. Ne disant absolument rien. Juste je le regarde. Je le regarde. Comment dire ? On sent la vie en lui. Il est étonnamment vivant. C’est un gentil d’évidence. Il est probablement gêné de ce silence. De mon sourire béat. Nous sommes là, figés et silencieux. — Finalement, je me rapproche de lui. Doucement, – « Qui êtes-vous ? Qui êtes-vous ? »… Il soulève un bras, comme pour signifier « Ça n’a pas d’importance » et s’apprête à traverser de nouveau la rue. Je le regarde s’éloigner. Il se retourne alors, Je m’appelle Pascal Rambert ! — D’évidence, l’ignorante que je suis, ne le connaît pas.

Alors, hier soir, suis allée sur Google pour m’informer un peu mieux sur lui.
Pascal Rambert a créé son premier groupe de théâtre à 17 ans.
Son professeur de philosophie d’alors : Clément Rosset. Il rencontre très vite Jean-Pierre Vincent, Claude Régy puis Antoine Vitez…
Pascal écrit… écrit… — Pascal monte une compagnie. Pascal voyage.
Ses pièces sont traduites en 23 langues.
Des prix, à foison.
mentionné qu’il est Chevalier des Arts et des Lettres.

C’est cet homme-là, les bras chargés de vêtements sous plastique, qui m’a interpellée.
« J’aime beaucoup ce que vous faites !… »

La beauté, décidément….

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