Pensées en zigzags ce matin.
Du coq à l’âne… expression surannée, irremplaçable.
Ce n’est pas pour me déplaire.
La voisine espagnole du dessous déménage.
J’entends le bruit du scotch que l’on déchire pour entourer les cartons, les va et vient dans l’escalier ; pas d’énervement chez les déménageurs, ils gèrent.
Erri s’en fout de ce ramdam, il s’est endormi après le biscuit partagé avec lui.
La musique l’accompagne.
Les tristes, tristes nouvelles du monde, je les occulte à cette heure. Je ne veux pas ne pas connaître ; certains jours, il faut savoir choisir son moment.
Je laisse la place à la rêverie. Qu’elle me mène où elle veut… un geste de Laura prenant un gâteau, un regard d’Urli, un paysage d’Italie, pas Venise étonnamment, campagne romaine ou toscane, je ne saurais dire… Le visage d’un ancien amoureux. Quel charme il avait… Une promenade… Un tableau. Là, le Pierrot de Watteau, allez savoir pourquoi… Ne pas oublier de rappeler une amie pour dimanche.
Je lève les yeux de l’écran, un vent accompagne l’image, il fait bouger les tiges du jasmin, les feuilles du rosier. J’aime le présent. Absolument. Le son des doigts tapant sur les touches du petit ordi rose. C’est beau l’écriture. Je pense avec admiration à celle de Didier Blonde dont j’ai ouvert un nouveau livre hier soir, Autoportrait aux fantômes. Il met notamment en lumière une rue parisienne, une rue où habite Yass.
La réalité me rattrape.
Je regarde ma maison.
Un filet de poisson décongèle.
Je maintiens le cap.
*
La voisine du dessous donne le dernier tour de clé.
Et s’en va.
*