Des rues. Des rues. Des rues. Des rues.
Le désordre y est tel et la vie y est si intense, bigarrée, extravagante, que cela ne ressemble à rien de connu.
Hollywood, qui tient tout à la fois de Cannes, de Luna Park et de Montparnasse est une merveilleuse improvisation, un spectacle spontané, continu, permanent, donné de jour et de nuit dans la rue, devant un décor américain qui lui sert de toile de fond.
Je comprends. On aime ou l’on n’aime pas Hollywood. C’est une question d’âge. C’est une question de génération. C’est presque une question de physiologie. « Dis-moi l’état de tes artères et je te dirai si tu dois venir à Hollywood… », car ce lointain faubourg de Los Angeles, qui est devenu en vingt-cinq ans une capitale mondiale, la capitale mondiale du cinéma, est non seulement la plus jeune capitale du monde, mais est aussi la capitale de la jeunesse, un pôle d’attraction.
C’est en ce sens que pour chacun Hollywood est une pierre de touche.
On l’aime ou l’on en a horreur dès le débarqué, dès le premier pas dans la rue.
On ne peut que regretter de ne pas y être venu plus tôt, ou tout au contraire, du simple fait d’être là, d’être venu, de vivre un jour dans cette ambiance d’insouciance et d’improvisation, on se sent extraordinairement heureux. Car des vieux, pas plus au studio que dans la rue, on n’en voit pas à Hollywood. Hollywood c’est la ville des jeunes.

(1936)