… il y a à la fois le plaisir de partir. Il y a à la fois cette foutue réticence à quitter ma maison. Carmina va-t-elle avoir le temps de bien arroser tous les pots ? À te lire, on pourrait avoir envie de te secouer. Toi, qui aimais tant préparer les valises, te laisser mener, comment as-tu accepter de devenir petit à petit frileuse, timorée ? Par exemple, cette idée que l’ascenseur demain, soudain, lui prenne l’envie de s’arrêter entre deux étages, pile au moment où je pars. — C’est ça être timorée.
À force de dire NON.
Et là, suis pleine de OUI en moi, je le sens…
François m’avait dit : Reine de Carreau. Tu vas retrouver ta fantaisie cette année… Il était temps, rajouta-t-il, tu devenais chiante avec tes fixations.
Cette fois, Erri m’accompagne ; je suis heureuse qu’il puisse renifler à son rythme lent les herbes du grand jardin où il va se trouver quelques jours.
Que quelques jours…
Une aventure pour moi.
Et puis en septembre, sans Erri, confiée à une gardienne adorable, partir avec Catherine pour Bastia. Elle veut tout me montrer. Je veux tout manger, sauf leurs gâteaux à la châtaigne. Je veux même me faire draguer par un Corse…
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Je reste classique. Jamais deux sans trois.
Ridicule me dit François. Pas exact me dit Florian.
Moi, je le dis.
Venise……………..
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Je ne prends pas valise, mais cette beauté de grande besace dorée de mon Philippe Model. Un côté voyage à la dérobade. J’aime bien. Le carnet jaune à picots. L’ordi rose. Peu de crèmes ou maquillage. Le parfum, toujours. Et le délicat petit chapeau gris pâle en papier du Musée Granet. Epatant contre le soleil du Sud.
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