J’étais convaincue que seuls Sollers, Handke ou Erri pouvaient me bouleverser avec leurs mots, remettre les compteurs à zéro. Je m’étais trompée, heureusement, en reprenant le chemin des théâtres, sonnée que je fus des mots de Rambert. Et donc, l’autre jour, l’air de rien, j’ai pris, comme ça, avec d’autres livres, Célidan disparu, de Denis Podalydès, me disant, il s’agit là des mémoires d’un théâtreux. — La belle innocence que voilà ! — Il y a belle lurette qu’un livre ne m’a autant réveillée.
Je ne vais pas mettre ici quelque extrait. Oui, il y a l’enfance, la famille, l’éducation versaillaise,
Oui, il y a les vacances au bord de la mer, les émois de l’adolescence, les mots inconnus dont on cherche le sens dans le gros dictionnaire, oui, le théâtre, inévitablement. — Et il y a LUI. On a envie de lui foutre des baffes tant il nous exaspère parfois ; l’attachement se fait justement là, d’un mot, d’une phrase, d’une attitude, d’une réaction. À aucun moment l’homme ne cherche à se rendre sympathique. — Et il y a, vers la fin du livre, cette déambulation nocturne dans Paris, qui m’a chamboulée. Pas pu parler pendant deux jours. Pas envie. Cette déambulation qui me fait écrire « Chapeau bas ! Chapeau bas ».

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