En descendant avec Erri, qui se fiche totalement de l’air du temps et renifle déjà le mur d’en face, j’ai vu les pigeons postés sur leurs gouttières. Je sors des poches les morceaux de pain. Erri jette un oeil, il pourrait y avoir malgré tout quelque sucrerie. — J’évite d’écraser les premiers brins d’herbe poussant entre les interstices des pavés. Ils en prennent plein la tête avec ce vent. Ils tiennent.
Nous avançons. Tout est froid même le vent n’en peut plus d’être cinglant comme ça sur le quai. Quelques personnes, au sexe indéterminé, enveloppées dans des parkas, de longs manteaux, capuches relevées, entourées d’écharpes, avancent tant bien que mal vers le Pont RoyaL. La photo de ces silhouettes pourrait être sympathique en noir et blanc. De gros camions arrivant au niveau du feu rouge m’empêchent de la faire ; Erri aussi, m’entraînant vers un pneu. — Nous avançons. La Frégate est fermée pour travaux pendant quelques jours. Cette brasserie, qui ne m’inspire en rien, est d’ordinaire blindée de touristes du matin au soir. La rue du Bac voit son trafic entravé par de gros travaux de maintenance. Des camions, garés comme ils peuvent. Le bus 68 ne peut s’arrêter évidemment, des usagers descendent ; d’autres, montent. Quant à nous, nous avançons. La rue de Verneuil est balayée par les rafales. Nous la prenons. Le petit Proxi pas encore ouvert. Quelques passants. Quelques voitures. Je n’ai aucun regard pour les vitrines d’antiquaires. Nous traversons la rue de Lille, et rentrons. Emilia fume dans la cour la cigarette matinale. Son sourire et son bonjour.
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