Ce pourrait être un lundi matin de rien. Et non. — Basique évacué vite fait, draps changés, ménage rapide. Junior vient mercredi pour le grand bal du nettoyage profond… Il m’amuse absolument Junior. Vous avez un nouveau tableau, là… Encore d’autres livres ! À chaque fois qu’il s’active j’ai l’impression de voir un film en accéléré. Il a le rythme d’un danseur, ses gestes, d’une élégance rare. Il ne s’en rend pas compte.
Donc, ce matin, après trois, quatre cafés, je repense à ce que m’a dit Yass ces derniers jours. Bossez ! bossez ! Hier, ce fut lors d’un déjeuner dans sa petite maison des Batignolles. Il avait préparé pour Marie et moi, un poisson en papillote garni de légumes frais. Champagne évidemment. Yass soutient absolument Marie dans la dernière phase de son traitement médical. Elle ne peut s’empêcher d’être inquiète, malgré le recul du mal. Il la rassure, trouve les mots justes.
Marie, ce n’est pas ce que l’on pourrait appeler, par facilité, une soeur ; c’est une amie. Je peux l’appeler à n’importe quelle heure du jour, de la nuit. Elle répondra. Viendra. Nous nous connaissons depuis si longtemps. Journaliste comme moi, nous avons bossé ensemble. Ri ensemble. Vu passer la vie d’Urli. Elle ne m’a pas lâché à ce moment-là. — Elle a connu mes amours fugitifs. Mes peines. J’ai connu ses amours, moins fugitifs. Ses peines. Et c’est elle qui, un jour, m’a dit : Tu devrais aller voir Yass. Yass, qui me pousse à l’écriture. Me présente Sarah, qui écrit, qui a été publiée, qui est chargée d’une nouvelle collection. Sarah, qui veut me faire bosser. Sarah dont l’histoire est bouleversante et lumineuse. Sarah, femme battue, à l’origine de ce phénomène d’édition, 125 et des milliers, Sarah Barukh.
Alors, je mets tranquillement de l’eau dans la bouilloire ; la fait chauffer. Prépare le thé, un Darjeeling.
Il fume, là, à côté de l’écran. — Je comprends que je vais saisir la chance qui se présente.
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